Programme de la journée d'études


13h30 : Ouverture des portes

14h : Introduction de la journée (Juliette DALBAVIE, François DEBRUYNE / Laboratoire GERiiCO, Université de Lille
et Vincent BELTRAMO / L'Aéronef)

14h30 : Ateliers - La musique au-delà des oreilles

L’Atelier Percevoir la Musique Différemment (créé par l’association Vedanity Affair et animé par Enrico RASO) propose une sensibilisation à la surdité en montrant par l’expérimentation que l’expérience que nous faisons de la musique n’est pas qu’une expérience qui passe par les oreilles. Son objectif est d’amener les publics entendants à comprendre comment les publics sourds font l’expérience de la musique. L’atelier se divise en plusieurs étapes :

  • voir la musique dans des matériaux solides et liquides ;
  • la toucher avec les mains ;
  • la percevoir avec le corps.

Avoir un aperçu de l'atelier en vidéo LSF sous-titrée

Le projet Totem associe la salle de musiques actuelles L’Aéronef à Lille, un chercheur en physique acoustique, Arthur Paté (Ecole d’ingénieurs JUNIA), et le groupe Mur du Son constitués de 5 musiciens sourds. L’objectif de Totem est de concevoir un dispositif à destination des personnes atteintes de surdité, sur des principes très différents des technologies livrées clef en main et notamment des gilets vibrants tel que le Subpac. Le dispositif permet de ressentir chacun des instruments et chacune des voix sur scène en lui attribuant une vibration particulière, là où le Subpac retransmet un tout. Chaque usager peut disposer de petites capsules vibro-tactiles qu’il peut mettre à différents endroits de son corps, de sa peau, en fonction de ses propres préférences.

En savoir plus sur le projet Totem en vidéos LSF sous-titrées

Retour en vidéo sur le concert-test Totem au Flow

Le chansigne est une forme artistique de performance corporelle qui exprime visuellement la musique. Il articule la langue des signes, l’invention chorégraphique et gestuelle pour proposer une interprétation singulière, pleine et entière de la musique, des émotions qu’elle suscite, dans ses dimensions mélodiques, rythmiques, expressives, textuelles ou encore poétiques.
Le chansigne permet aux entendants : de développer la motricité, l’expressivité, la mémoire et le sens du rythme, de découvrir une nouvelle culture et son histoire, de s’initier aux spécificités de la langue des signes, sa syntaxe, son étymologie, de découvrir les enjeux du travail d’adaptation.
Et il permet aux sourds : d’approfondir la maîtrise du registre poétique en langue des signes, les métaphores, les rimes et les assonances, de développer l’expressivité, la mémoire et le sens du rythme.

Découvrir le travail mené par la Compagnie Les Petites Mains

16h30 : Regards croisés - musique, médiation, inclusion

Sur la base d’une recherche mêlant entretiens et observations pendant des événements musicaux, cette communication propose d’analyser les enjeux des technologies d’accessibilité musicale à destination de la communauté sourde. Entre phénomènes d’amplification facilitant l’expérience et analyse déceptive et/ou critique pour celles et ceux qui voient ces dispositifs comme des « béquilles » malvenues, nous proposons de remplacer la notion d’accessibilité par le concept d’appropriabilité, qui permet de contourner les écueils de l’accessibilité. Enfin, de l’accessibilité à l’appropriation, nous élargirons la réflexion à la posture du chercheur, en revenant sur les débats qui ont traversé cette recherche, menée par des chercheurs entendants aux côtés des personnes sourdes.

Définie comme l’art de combiner les sons, la musique est très souvent décrite selon son aspect sonore, la liant de facto aux sensations auditives. Né d’un mouvement vibratoire, cet art s’adresse pourtant aussi bien à l’ouïe, qu’aux yeux et au corps dans son ensemble, lui conférant des qualités sensorielles remarquables. À la lumière de travaux de recherche interrogeant le rôle des nouvelles technologies au sein des pratiques musicales sourdes, cette communication propose de repenser l’espace musical des scènes de musiques actuelles en espaces plurisensoriels et pluriculturels, en s’appuyant sur les technologies haptiques, visuelles et de communication, pour en faire des lieux où l’expérience musicale pourrait être appréciée dans son ensemble et où la notion d’accessibilité n’aurait plus lieu d’être.

Cette communication vise à porter une réflexion sur les potentialités offertes par la musique vibrotactile — nouvelle forme de musique composée à partir de vibrations et destinée à une écoute par le corps — en soulignant l’enjeu que cette dernière puisse constituer un bien commun entre personnes sourdes et entendantes. À partir de l’analyse des limites des technologies audiotactiles actuelles à susciter une expérience musicale également partagée, la recherche présentée s’appuiera à proposer un nouveau principe de composition pour la musique vibrotactile et à explorer l’inscription de cette musique dans le réel, en suggérant de nouvelles pistes d’innovations technologiques et d’intégration au sein des organismes de création et de diffusion musicales.

* En lien avec cette intervention, le dispositif Pacini 8, système audiotactile permettant de composer de la musique sous forme de vibrations, sera disponible en accès libre toute la journée.

18h30 : Table ronde - Les formes plurielles du chansigne aujourd’hui

Avec Marie LEMOT et Igor CASAS (Compagnie Les Petites Mains), Maati EL HACHIMI (Mur du son, Musique Pi Sourd). Modération : Nine JACQUET-ALEXANDRE (Projet MUSIMITEX)

Le chansigne est une forme artistique de performance corporelle qui exprime visuellement la musique. Il articule la langue des signes, l’invention chorégraphique et gestuelle pour proposer une interprétation singulière, pleine et entière de la musique, des émotions qu’elle suscite, dans ses dimensions mélodiques, rythmiques, expressives, textuelles ou encore poétiques.

Nous proposons de rendre compte et de discuter la diversité de ses formes aujourd’hui.

20h : Spectacle Portraits croisés (Compagnie Les Petites mains)

Portraits croisés, c’est un spectacle de chansigne, une mise en scène de chansons entièrement en langue des signes. Une comédie vusicale (comédie musicale signée) composée sur les douze chansons du dernier album de STROMAE.

C’est une dizaine de personnages qui viennent parler de la vie, de la parentalité, de la dépression, des relations amoureuses, des petites gens, de leurs rêves, de leurs espoirs et de leurs désillusions.

C’est 40 minutes de spectacle avec un comédien (Igor CASAS) et une comédienne (Marie LEMOT) qui passent de rôles en rôles pour incarner cette multitude avec leurs corps et leurs petites mains.

Découvrir la Compagnie Les Petites Mains

Découvrir un extrait vidéo du spectacle

Spécialistes ou néophytes, sentez-vous libres de venir assister à l'ensemble du programme ou seulement à une partie !

Présentation des intervenant.e.s

Vincent BELTRAMO est secrétaire général - Action culturelle & développement des publics à L’Aéronef.

Alban BRICENO est doctorant en musicologie et enseignant à l'Université de Lille. Ses travaux explorent les modalités d'une nouvelle forme de musique, la musique "vibrotactile", pour forger une expérience musicale partagée également entre sourds, malentendants et entendants. Sa thèse de doctorat approfondit notamment les enjeux d'un tel objectif à l'aune des émotions musicales, selon une approche interdisciplinaire et appliquée. En parallèle, il porte un projet de création d'entreprise nommé VIBSTRA, visant à proposer des solutions de partage de la musique sans avoir besoin de l'oreille.

Igor CASAS est CODA (c’est-à-dire enfant entendant de parents sourds) et interprète de langue des signes. Après une dizaine d'interprétations, il s’est lancé dans la création artistique en langue des signes. Il a gagné la deuxième place du concours de Chansigne organisé pour les 40 ans de l’IVT en présentant une adaptation chansignée de la chanson “Passer ma vie” d’HK et les Saltimbanks en 2017. Il fait partie de la Compagnie Les Petites Mains aux côtés de Marie LEMOT.

Thibault CHRISTOPHE a d'abord été intermittent du spectacle en tant qu'ingénieur du son, pendant près de dix ans. Il a ensuite effectué une thèse sur l'impact du numérique sur les pratiques d'écoute musicale des adolescents des années 2010. Depuis, ses travaux de recherche se poursuivent autour de cet axe numérique/musique à travers des contenus youtubes (commentaires youtubes ou musiques des fanvids), des dispositifs (pratiques d'écoute musicale des sourd·e·s) ou pratiques culturelles depuis le covid (impact des habitudes numériques personnelles prises pendant la pandémie sur la fréquentation des salles de musiques actuelles).

Juliette DALBAVIE est maîtresse de conférences en Sciences de l’Information et de la Communication (Laboratoire GERiiCO / Université de Lille) spécialisée dans l’étude des publics et des dispositifs de médiation culturelle. Elle participe au projet de recherche MUSIMITEX qui vise à enquêter avec les personnes sourdes ou malentendantes sur les manières de favoriser leur inclusion dans les événements musicaux en collaboration avec François DEBRUYNE et Nine JACQUET-ALEXANDRE.

François DEBRUYNE est maître de conférences en Sciences de l’Information et de la Communication (Laboratoire GERiiCO / Université de Lille) spécialisé dans l’analyse de l’expérience musicale. Il participe au projet de recherche MUSIMITEX qui vise à enquêter avec les personnes sourdes ou malentendantes sur les manières de favoriser leur inclusion dans les événements musicaux en collaboration avec Juliette DALBAVIE et Nine JACQUET-ALEXANDRE.

Maati EL HACHIMI est chansigneur et percusionniste au sein du groupe Mur du son. L'originalité du groupe Mur du son tient au fait qu'il est composé de cinq musiciens, tous sourds, composant eux-mêmes les morceaux et chansignes qu'ils interprètent. Leur musique privilégie les sons graves et les vibrations pour permettre aux sourds de profiter du concert et d'y participer. Le groupe Mur du son participe à TOTEM, projet expérimental d’accessibilité à la musique, fruit d’une collaboration entre l’école d’ingénieurs Junia, l’association Musique Pi Sourd et L’Aéronef.

Nathalie GRENEL est enseignante en communication à l'INSA Toulouse, et chercheuse associée au LERASS (Université de Toulouse). Ses travaux de recherche, en Sciences de l'information et de la communication, portent sur les pratiques d'écoute musicale des sourd.es, mais aussi sur les compétences interculturelles des ingénieur.es et sur la place des réflexions prospectives dans la formation des élèves ingénieurs.

Nine JACQUET-ALEXANDRE a réalisé un mémoire sur les manières dont les professionnel.les des structures culturelles tentent de penser la question de l’accessibilité des sourds en France. Elle participe au projet de recherche MUSIMITEX qui vise à enquêter avec les personnes sourdes ou malentendantes sur les manières de favoriser leur inclusion dans les événements musicaux sous la direction de François DEBRUYNE et Juliette DALBAVIE.

Alban LEDUC est batteur au sein du groupe Mur du son. L'originalité du groupe Mur du son tient au fait qu'il est composé de cinq musiciens, tous sourds, composant eux-mêmes les morceaux et chansignes qu'ils interprètent. Leur musique privilégie les sons graves et les vibrations pour permettre aux sourds de profiter du concert et d'y participer. Le groupe Mur du son participe à TOTEM, projet expérimental d’accessibilité à la musique, fruit d’une collaboration entre l’école d’ingénieurs Junia, l’association Musique Pi Sourd et L’Aéronef.

Marie LEMOT est la grande sœur d’un garçon trisomique 21 et sourd signant. Elle a cultivé une passion précoce pour la langue des signes et la communauté sourde de Toulouse, se formant au théâtre et à la sociologie à Bruxelles, tout en pratiquant le chant et le ukulélé en autodidacte. Aujourd’hui, elle envisage de fusionner ces expériences pour explorer les formes d’art liées à la langue des signes et à la culture Sourde. Elle fait partie de la Compagnie Les Petites Mains aux côtés de Igor CASAS.

Elise MELIA est médiatrice Culturelle à L’Aéronef.

Julien NEF est guitariste et bassiste au sein du groupe Mur du son. L'originalité du groupe Mur du son tient au fait qu'il est composé de cinq musiciens, tous sourds, composant eux-mêmes les morceaux et chansignes qu'ils interprètent. Leur musique privilégie les sons graves et les vibrations pour permettre aux sourds de profiter du concert et d'y participer. Le groupe Mur du son participe à TOTEM, projet expérimental d’accessibilité à la musique, fruit d’une collaboration entre l’école d’ingénieurs Junia, l’association Musique Pi Sourd et L’Aéronef.

Né d’un père sourd, Enrico RASO, alias DJ A2SO s’est très tôt intéressé à la façon dont la musique pouvait être perçue par le corps humain. Avec son association Vedanity Affair, il propose un atelier pour Percevoir Différemment La Musique. Celui-ci s’adresse aussi bien aux entendants qu’aux sourds et permet de montrer que pour les entendants, l’ouïe, par son acuité, peut occulter d’autres formes sensorielles d’appréciation du son.

Octavia RIOUAL est docteure en musicologie. Ses travaux explorent l’influence des technologies sur les pratiques musicales sourdes à travers deux axes principaux : la perception et la production. Elle met en évidence les mutations engendrées par les technologies à l’ère numérique au sein des pratiques musicales ayant ouvert la voie aux artistes sourds et menées à de nouvelles conceptions multisensorielles et multimédia de la musique, permettant de dépasser le cadre hégémonique audiocentré de la musique entendante et d’explorer de nouvelles formes de musicalité.